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Nicola Coropulis, le nouveau visage de Poltrona Frau.

LE 27 JUIN DERNIER, À L’OCCASION DE L’OUVERTURE DU NOUVEAU SHOWROOM POLTRONA FRAU À INTERMEUBLE SOFIL, NICOLA COROPULIS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA MARQUE, ÉTAIT PRÉSENT. L’OPPORTUNITÉ DE MIEUX COMPRENDRE LES RÉCENTES ÉVOLUTIONS DE L’UNE DES RÉFÉRENCES ITALIENNES ET MONDIALES DU MOBILIER.

 

Depuis votre arrivée en 2008, après quinze années passées au sein du groupe Natuzzi notamment, Poltrona Frau a opéré un virage stratégique fort vers l’international et une offre plus contemporaine: quel en a été le détonateur?

En effet, il y a sept ans environ, notre principale décision a été de créer une marque qui séduirait au-delà de l’Italie. Lorsque j’ai rejoint le groupe il y a dix ans, 70% de son chiffre d’affaires se faisait en Italie. L’image était un peu poussiéreuse. Après la crise de 2008, il nous était devenu évident que nous ne pourrions continuer à opérer sur notre seul marché d’origine. Mais voir dehors, c’était aussi accepter de changer.

 

En quoi ce changement a-t-il consisté?

Nous avons fait beaucoup de recherches pour savoir ce que nous devions garder de nos origines: savoir-faire artisanal, expertise sur le cuir, capacité à travailler les matériaux précieux, attention aux détails. Nous les avons mélangés avec des éléments contemporains: de nouveaux designers (Roberto Lazzeroni pour le marbre et le bois, Neri & Hu pour une touche orientale, etc., de nouveaux matériaux, de nouveaux produits. L’objectif était de créer un environnement pluridimensionnel afin d’offrir à nos client ce que nous avons nommé des living solutions. Nous voulons leur donner le choix, c’est ainsi que se définit le luxe.

 

En chamboulant votre style traditionnel, en remettant en question un classicisme qui a fait votre succès, ne craigniez-vous pas une perte d’identité, voire une perte d’exclusivité par rapport à d’autres marques?

Non, Poltrona Frau est une marque qui existe depuis plus de cent ans: chaque collection a su répondre aux besoins de chaque client à toute époque. Il n’y a donc pas de trahison de nos origines: nos collections comporteront toujours un Chester. Quant aux autres marques, chacune a son style, mais Poltrona Frau aura toujours un caractère unique, comme son expertise sur le cuir que personne ne saurait répliquer. Nous n’utilisons que des cuirs à pleine fleur et l’âme de chaque modèle qui en est constitué lui est transmise par des artisans dont les ancêtres travaillaient déjà le cuir au Moyen Âge.

 

C’est votre première visite au Liban, que représente-t-il sur la carte internationale de Poltrona Frau?

Poltrona Frau a été l’une des premières marques italiennes au Liban. Au contraire de notre société-sœur Cassina qui a toujours été portée vers l’étranger, notre présence ici depuis de longues années, alors même que notre stratégie était longtemps tournée vers le marché intérieur, prouve l’importance de cette destination pour nous. Nous devons ici rendre hommage à Nicolas Chedid, ancien PDG d’Intermeuble, dont j’ai eu l’honneur d’être l’ami pendant vingt ans. Sa passion pour la marque a mené celle-ci à Beyrouth. Ma présence aujourd’hui est le fruit d’un voyage qu’il a initié. À travers ce showroom, nous voulons raconter une histoire et offrir à nos clients l’expérience de l’élégance italienne, sobre, moderne et intemporelle à la fois.

 

Qui sont aujourd’hui vos clients?

Ils sont multiples, à l’image de la mondialisation, mais leurs besoin sont les mêmes: avoir des produits exclusifs et d’excellence qui les satisferont. Ils apprécient l’artisanat, la qualité et l’idée que le luxe est d’être en accord avec soi-même, sans ostentation, qu’il peut également être transmis à ses enfants.

 

Cela suffit-il à satisfaire ces clients d’horizons variés? Les marchés américains et asiatiques que vous avez largement développés ont des cultures très différentes…

À l’intérieur des frontières d’un produit, Poltrona Frau offre beaucoup de sur-mesure et peut jouer sur les tailles, les matériaux utilisés, les motifs. C’est un modèle que nous utilisons notamment pour les clients institutionnels (banques, hôtels, etc.). Hier, au salon business d’Alitalia, j’étais entouré de produits Poltrona Frau dont les couleurs avaient été choisies pour la compagnie aérienne. Nous travaillons aussi avec l’industrie automobile qui apprécie cette flexibilité. Pour célébrer les 70 ans de Ferrari, nous avons ainsi créé un fauteuil de bureau inspiré du siège pilote de la voiture.

 

Qui décide de chaque nouvelle collection?

Je suis assez fier de dire que nous n’avons pas de directeur artistique. Il s’agit d’un travail collectif, qui débute au sein du département R&D, composé de jeunes talents. Sous ma direction, ils dessinent le plan de chaque produit, puis le designer qui le prendra en charge est nommé. C’est une spécificité de la maison: chaque produit a un père -le designer- et une mère -Poltrona Frau- contrairement à d’autres marques où la signature du designer est davantage mise en avant.

 

Quels sont les principaux lancements qui s’annoncent dans les mois à venir?

En 2019, nous fêterons le centenaire du fameux fauteuil 1919. En son hommage, nous lancerons un modèle qui en réinterprète les codes: plus large, plus haut, plus léger et donc plus contemporain, en bois et en cuir. Sans perdre notre identité, c’est évidemment aussi Renzo Frau que nous célèbrerons, lui qui avait à l’époque, avec ce club, revisité la bergère classique. Avant cela, le 4 octobre prochain à Milan, nous dévoilerons une édition limitée du fauteuil Sanluca, dessiné par Achille Castiglioni qui aurait eu 100 ans cette année. L’histoire reste ainsi au cœur de notre philosophie.

 

Propos recueillis par Jim

 

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