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KARL LAGERFELD, LA MORT D’UNE ICÔNE

«PAPE DE LA MODE», «KAISER», KARL LAGERFELD ÉTAIT LE DERNIER GÉANT D’UN GROUPE DE STYLISTES QUI ONT MARQUÉ LE XXE SIÈCLE, AUX CÔTÉS DE COCO CHANEL ET YVES SAINT LAURENT NOTAMMENT. À 85 ANS, IL S’ÉLOIGNE DÉFINITIVEMENT DE LA SCÈNE, LAISSANT EN HÉRITAGE, AU-DELÀ DE SES CRÉATIONS, LA MÉMOIRE D’UN PERSONNAGE COMPLEXE DONT L’IMPACT A LARGEMENT DÉPASSÉ LES PODIUMS DE HAUTE COUTURE. HOMMAGEABÉCÉDAIRE À CET AMOUREUX DES LETTRES.

APHORISME – À mi-chemin entre le judicieux précepte et la sentence précieuse, les aphorismes de Karl ont fait le délice des médias, au point que la presse people a pu parler de «karlisme». Au rayon des plus acceptables: «Le régime est le seul jeu où l’on gagne quand on perd» ou encore «Il n’y aura pas d’enterrement. Plutôt mourir.»

CHANEL – «Je n’ai pas croisé Coco Chanel. Il ne valait mieux pas, elle m’aurait détesté.» Pour celui qui fut l’incontesté directeur artistique de la marque Chanel, l’affirmation surprend. En 1983, Karl Lagerfeld pénètre pour la première fois rue Cambon. Coco Chanel est morte douze ans auparavant. Sa maison vieillit. Lagerfeld lui redonne rapidement son éclat disparu, en poussant et en exagérant les codes originels, dont le tailleur, qu’il réinvente.

DROGUE – Quand ses pairs en abusaient, Karl Lagerfeld n’en aima qu’une, douce et sucrée, le Coca light, dont un verre à température constante devait être toujours disponible lors de ses shootings.

ÉCOLE – «L’école, c’est bien, mais ça ne suffit pas», a-t-il pu déclarer. À seize ans, il quitte le foyer familial pour se lancer dans la mode à Paris. Jusque-là, Karl Lagerfeld connaît une enfance sans histoire, dans la campagne allemande, en marge des secousses politiques qui touchent le pays et rapidement au-delà. De son père industriel voyageur et de sa mère au fort tempérament qui lui transmet le goût de la mode, il hérite cette autodidaxie qu’il cultivera toute sa vie.

FISC – De premiers ennuis en 1999, suite à une déclaration de résidence à Monaco, alors que l’administration le suspecte de passer son temps entre son appartement parisien et ses autres demeures françaises. Un accord sera trouvé. En 2016, nouveaux ennuis, le styliste aurait évité de déclarer plus de vingt millions d’euros de revenus, dont une partie aurait été placée sur le compte en banque de sa chatte Choupette.

INÈS – … DE LA FRESSANGE. Parce qu’elle ressemblait à Coco Chanel, Karl Lagerfeld la consacre égérie Chanel et lui fait signer le premier contrat d’exclusivité avec une maison de haute couture.

JACQUES – … DE BASCHER. Son grand amour, foudroyé dans sa jeunesse par le sida, en 1989. Confident, dandy, esthète, sorte de caricature du Swann proustien, Jacques de Bascher aura également conquis le coeur d’Yves Saint Laurent qui vivra avec lui une brève idylle passionnelle. Karl Lagerfeld le veillera sur son lit de mort, son ombre ne quittera pas le styliste toute sa vie durant.

LITTÉRATURE – Son autre passion, cultivée au sein d’une collection de près de 300 000 livres et d’une maison d’édition, 7L, fondée en 1999. En 2010, Simone Veil entre à l’Académie française, vêtue du traditionnel habit vert, dessiné par Karl Lagerfeld. En 2018, il boucle la boucle avec un défilé de haute couture où une mariée en habit vert parade au milieu d’un décor inspiré de l’Institut de France.

MARKETING – Mieux que tout autre, le créateur a su jouer des codes et cerner son époque pour ériger son propre nom en un quasi-logo. Il crée sa griffe dès 1984. S’associant avec des marques de prêt-à-porter comme H&M dont il dessinera une collection couronnée de succès, puis d’autres tel Coca-Cola, son nom dépasse aujourd’hui les cercles restreints de la haute couture. Dernièrement on l’a même vu affublé d’un gilet jaune dans une publicité pleine d’autodérision pour la sécurité routière!

NAISSANCE – Hambourg de date incertaine, un mystère savamment entretenu par le styliste, qui préférait généralement 1935 à l’année 1933, communément admise.

PATOU – Il obtient son premier poste de directeur artistique chez Jean Patou, après un bref passage chez Pierre Balmain.

REGRET – «Ne pas jouer du piano».

SILHOUETTE – Longiligne, après une perte de quarante kilos à l’aube des années 2000. Le reste est connu de tous: lunettes noires, col blanc, cheveux coiffés en catogan et mitaines en cuir.

TRAVAIL – Karl Lagerfeld en était boulimique et ne s’en cachait pas, enchaînant les collections et pratiquant également la photographie. Il signait ainsi lui-même les campagnes Chanel.

YVES SAINT LAURENT – Le destin les réunit dans les années 1950, quand ils remportent ex aequo le prix du concours du Secrétariat international de la laine. Une amitié se crée, elle dure vingt ans. Des points communs: issus d’une famille aisée et vouant un culte à leur mère. L’épisode Jacques de Bascher les met en concurrence, leur amitié se brise sur une rivalité amoureuse, miroir d’une opposition de style jusque-là dissimulée et qui s’achèvera en 2002: Yves Saint Laurent se retire de la mode, Karl Lagerfeld devient à son tour une icône. Jim

 

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