Elle dégage cette force tranquille acquise avec les épreuves. Nada Sehnaoui, militante et révoltée, a réalisé que la vie n’est qu’un décompte. Face aux files interminables de réfugiés syriens, sa sensibilité et son inspiration ont été ébranlées. Au terme de cinq ans d’un travail intense, elle a présenté au public sept grandes toiles et des installations originales, How Many, How Many More, du 28 mars au 4 mai 2019 à la galerie Tanit.
Certaines créations de Nada Sehnaoui ressemblent à des oeuvres abstraites. Mais en se rapprochant, le visiteur y découvre une multitude de détails. Des mécanismes de montres évidées, des pinces à linge, des capsules de médicaments, symboles de rituels répétitifs et de ces gestes qui marquent le passage du temps. Sa démarche d’accumulation («Le nombre crée l’émotion», dit-elle) rappelle celle du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk dont le musée de l’Innocence à Istanbul, imprégné de l’atmosphère de son roman éponyme, regroupe mille objets du quotidien. «Les détails de nos gestes, de nos mots, de nos odeurs», écrivait-il.