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Vito Schnabel et Lara Baladi mènent la vente.

LA TROISIEME ÉDITION DE LA VENTE AUX ENCHÈRES DE LA HAPPY CHILDHOOD FOUNDATION, PRÉSIDÉE PAR GEORGES HATEM, S’EST TENUE LE 14 MARS DERNIER AU MUSÉE MIM À BEYROUTH. AVEC LE SOUTIEN DE SOTHEBY’S LONDON ET D’UBS SWITZERLAND AG, VINGTET- UNE OEUVRES D’ART ONT ÉTÉ PROPOSÉES AU PUBLIC ET UNE COLLABORATION A ÉTÉ LANCÉE AVEC DES GALERIES PHARES DES ÉTATS-UNIS, D’EUROPE ET DU MOYEN-ORIENT. LE MARCHAND D’ART VITO SCHNABEL ET L’ARTISTE LIBANO-ÉGYPTIENNE LARA BALADI SE SONT ASSOCIÉS À L’ÉVÉNEMENT. INTERVIEW CROISÉE.

Lara Baladi, on vous définit comme artiste libano-égyptienne multidisciplinaire. Quel sens prêtez-vous à chacun de ces mots?
Lara Baladi – Je viens d’une communauté de Libanais émigrés en Égypte à la fin du XIXe siècle. Mon grand-père paternel a été ambassadeur d’Égypte auprès du Vatican, mon grand-père maternel a concouru pour l’Égypte aux Jeux olympiques de 1936 à Berlin. L’histoire de ma famille est davantage ancrée en Égypte mais je me sens à la fois égyptienne et libanaise. Mon travail est multidisciplinaire dans le sens où il utilise un large panel de médias artistiques, de la photographie argentique aux multimédias et projets web, en passant par la sculpture, le parfum et les installations vidéo.

Comment vous êtes-vous tous deux lancés sur la scène artistique?
L. B. – Jusqu’à mon installation au Caire, je touchais à tout: photographie, documentaire, mode, publicité, etc. Une fois en Égypte, j’ai dû repenser mon approche en raison du manque d’infrastructures. De surcroît, nous vivions encore dans l’ère du prédigital. J’ai donc axé mon travail sur le documentaire, que j’ai vite trouvé trop restrictif, et le collage de photographies grand format inspirées de mythologies variées et de culture populaire. Vito Schnabel – J’ai grandi dans le monde de l’art et des artistes. Jeune, j’étais davantage intéressé par le sport que par l’art, mais il est venu à moi naturellement, à l’adolescence. À seize ans, j’organisais ma première exposition, avec des artistes que j’avais toujours côtoyés. Depuis ce moment, l’art est devenu ma vie. Ma soeur Lola, dont je suis très proche, m’a beaucoup soutenu; étudiante en art à Cooper Union, elle m’a introduit auprès de nombreux artistes.

Un événement a joué un rôle moteur dans votre parcours: pour vous Lara, les émeutes en 2011 place Tahrir; pour vous Vito, l’ouverture de votre galerie à Saint-Moritz. Pouvez-vous nous les décrire?
L. B. – En effet, les émeutes qui ont eu lieu en Égypte ont changé ma vie et mon travail. J’ai été très active lors de la révolution. J’ai organisé des interventions à Tahrir. Cet espace a servi de catalyseur pour l’échange d’idées, que j’ai commencé à archiver chaque jour. Les événements et matériaux collectés -et qui continuent aujourd’hui de s’accumuler- m’ont servi de source d’inspiration pour des installations vidéo, des sculptures, etc. C’est durant cette période que j’ai su que ma carrière s’orienterait vers les nouveaux médias et les travaux communautaires. Parallèlement, j’ai accepté avec enthousiasme l’offre du MIT d’enseigner au sein du département art, culture et technologie.
V. S. – En 2014, mon ami de longue date et mentor Bruno Bischofberger a décidé de fermer sa galerie à Saint-Moritz, pour se concentrer sur un nouvel espace à Zurich. Lorsqu’il a pensé à moi pour reprendre son emplacement, j’ai jugé que c’était une incroyable occasion pour les artistes avec lesquels je travaille d’être exposés dans la région. L’Engadine a toujours abrité de nombreux artistes, d’Alberto Giacometti à Jean-Michel Basquiat, en passant par Andy Warhol et mon père Julian Schnabel.

Lara Baladi, votre approche pose la question du rôle de l’artiste dans la société en général et dans le monde arabe en particulier…
L. B. – Du temps où Moubarak était au pouvoir, l’art avait une fonction différente, celle de «faire du bruit». Depuis, il est devenu un outil majeur de critique de l’État, il a poussé les frontières de la libre expression, défié la censure, brisé publiquement les discours établis, et cela s’est reflété sur les traditions et la culture populaire.

Quels liens entretenez-vous avec le Liban où se déroulera la Happy Childhood Foundation?
V. S. – Ma première visite à Beyrouth a eu lieu il y a environ un an. Je suis revenu à plusieurs reprises depuis. J’ai eu l’occasion de visiter Baalbek et l’histoire du pays m’a fasciné. Bien que je n’aie encore jamais travaillé avec des artistes libanais, je suis toujours ouvert à en découvrir.
L. B. – Le Liban est mon pays. Pendant plus de vingt ans, j’ai été membre de l’Arab Image Foundation. Comme le reste du monde, dans cette période de transition vers une nouvelle ère économique et politique, le Liban est en pleine crise. Les Libanais font des erreurs -qui n’en fait pas?- mais ils montrent une résilience extraordinaire.

Que représente pour vous d’être partie prenante de cette troisième édition?
V. S. – J’ai été initié à la Happy Childhood Foundation par mon ami Karim Abillama, l’année dernière. On m’a appris l’énorme travail qu’ils faisaient à travers le monde, et j’ai décidé de m’impliquer dedans. La vente aux enchères était l’occasion idéale. Plusieurs des artistes avec lesquels je collabore ont donné des oeuvres, et nous avons organisé une série de discussions qui auront lieu la veille de la vente.
L. B. – La Happy Childhood Foundation défend une cause urgente et je suis honorée de pouvoir y apporter mon soutien. L’oeuvre que j’ai donnée pour la vente aux enchères est une édition d’un de mes premiers collages, réalisés dans le cadre d’une commande de la Fondation Cartier. Son succès m’avait propulsée sur la scène internationale.

Propos recueillis par Jim

 

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